DISCOURS DE SON EXCELLENCE PIERRE NKURUNZIZA PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE SUR LE BILAN DU DESARMENT DE LA POPULATION CIVILE

Burundaise, Burundais,
Amis du Burundi,

1. Nous commençons par rendre grâce à Dieu Tout Puissant qui nous a gardés jusqu’à ce jour, et nous le prions de toujours rester à nos côtés dans la réalisation des programmes retenus pour que notre pays fasse un nouveau pas en avant dans le développement durable.

2. Le 20 août de cette année 2015, à l’occasion de notre investiture pour conduire les destinées du pays pendant ces cinq ans, Nous avons solennellement déclaré que, deux mois après, la paix et la sécurité devaient avoir été recouvrées sur toute l’étendue du territoire national.

3. Puis, le 24 Septembre 2015 a été signé le Décret n° 100/36 portant exemption de poursuites pénales aux détenteurs illégaux d’armes. Cette décision accordait un délai d’un mois à toute personne détentrice illégale d’armes à feu, de munitions et/ou de tout autre matériel connexe vivant sur le territoire burundais pour le remettre spontanément aux forces de défense et de sécurité. C’était là une expression de la clémence du Gouvernement envers les détenteurs de ces armes afin qu’ils les remettent d’eux-mêmes sans attendre les sanctions.

4. Nous voudrions maintenant annoncer solennellement que ce délai d’un mois était amplement suffisant. Nous félicitons vivement tous ceux qui ont compris que le port illégal d’arme constitue une infraction passible de peine judiciaire et qui, par voie de conséquence, ont pris la bonne résolution de les remettre à l’autorité habilitée, sans rechigner. Nous les remercions d’avoir suivi l’appel que Nous avions lancé!

5. De leur côté, les Forces de défense et de sécurité ont également poursuivi les opérations de fouille et perquisition en vue de chercher des armes détenues illégalement. Au cours de ces opérations, beaucoup d’armes ont été saisies ainsi que d’autres effets militaires, mais aussi des médicaments et des stupéfiants au service de ces malfaiteurs. Deux mois après notre engagement à ramener la paix dans le pays, la mission confiée aux Forces de défense et de sécurité a été une réussite à 92 %.

6. En procédant à une analyse des armes saisies ou remises volontairement, on peut les classer en sept catégories :
– Les armes en provenance de certains pays limitrophes par des groupes de malfaiteurs. C’est le plus grand nombre.
– Les armes que l’on avait données aux anciens membres des Corps de défense et de sécurité.
– Les armes que l’on avait confiées à certaines personnes pour leur-auto défense dans les durs moments qui ont suivi 1993.
– Les armes volées dans les magasins de la Police Nationale lors de la tentative de coup d’Etat du 13 mai 2015.
– Les armes emportées par certains égarés des Forces de défense qui ont déserté.
– Les armes récupérées des groupes criminels voleurs et/ou tueurs.
– Les armes trouvées près des lieux où s’étaient établis les groupes armées.

7. Nous saluons le courage et la bravoure exceptionnels dont les membres des Corps de défense et de sécurité ont fait preuve dans ces fouilles et perquisitions des armes cachées au sein de la population. Nous les en félicitons vivement, et les exhortons à rester fermes et persévérants.

8. Jusqu’à la fin de ce mois d’octobre, après les 2 mois que Nous nous étions fixés, ont déjà été saisies : 139 fusils, 151 grenades et explosifs, 7151 cartouches, et 151 chargeurs.

9. Depuis le début de l’année jusqu’à la fin du mois d’octobre 2015, la Commission Nationale Permanente de Lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre (CNAP) quant à elle, a déjà rassemblé: 424 fusils, 341 grenades et explosifs, 12.455 cartouches, et 416 chargeurs.
Burundaise, Burundais,
Amis du Burundi,

10. A la fin de l’année 2014 et au début de 2015, lorsqu’une attaque armée a été déjouée dans la Province de Cibitoke, à la frontière commune entre le Burundi et la République démocratique du Congo, on a assisté à un regain d’insécurité dans certains quartiers de la Ville de Bujumbura où se passaient des manifestations. Cela a été suivi de deux autres attaques avortées, l’une à Kabarore en Province Kayanza au mois de Juillet, l’autre à Bukinanyana en Province Cibitoke.

Nous pourrions évoquer ici le soulèvement qui a eu lieu à Bujumbura le 8 mars 2015, lorsqu’une confrontation a éclaté entre les militants du parti MSD et la Police Nationale, occasionnant des blessés dans les rangs de la police, des prisonniers, et la saisie d’un certain nombre de matériels de service.

11. L’insécurité est allée croissante, surtout dans la ville de Bujumbura, où la fin du mois d’avril a été marquée par le début des manifestations vite transformées en une grave insurrection émaillée des actes criminels sans nom. Nous citons pour exemples les barricades des routes, l’installation des bûchers en pleines chaussées, l’incendie des maisons et des véhicules, et même des assassinats inimaginables où des personnes ont été brûlées vives ou tuées á l’arme á feu.

12. Ces manifestations avaient pour objectif le renversement des Institutions démocratiquement mises en place, le sabotage des élections de cette année, y compris des attaques dirigées contre les bureaux de votes ou les convois transportant le matériel électoral, en vue de réinstaurer l’anarchie et le pouvoir dictatorial auquel nous avons dit : « Non ! »

Voyant leur plan échoué, les insurgés ont pris l’orientation de troubler la sécurité et l’ordre public en lançant des grenades et en tirant sur les Forces de l’ordre dans leur mission ordinaire de protection de la population dans ces quartiers en ébullition.

13. A suivi une autre attaque des groupes armés qui a été déjoué au mois de Juillet à Kabarore, en Province Kayanza, et à BUkinanyana, en Province Cibitoke, où les assaillants ont été appréhendés près de la frontière entre le Burundi et le pays voisin du Rwanda.

14. Ces attaques ont également été dirigées contre les populations innocentes qui étaient au travail habituel ou qui étaient en groupes tel que dans les cabarets, sans épargner les missionnaires. On se rappelle les triste événements de Kamenge, Ruyigi et ailleurs.

15. Nous remercions vivement les Forces de l’Ordre car, même si la situation se présente ainsi, nombre de malfaiteurs sont découragés, d’autres sont appréhendés et traduits devant les juridictions compétentes.

16. Nous demandons aux auteurs de ces crimes de renoncer à cette démarche sans issue, car ceux qui vous y entraînent ne font que vous exposer, et personne n’ose en faire la revendication. La violence ne vous mènera nulle part, c’est une perte de temps et une entrave à votre avenir. Ces énergies que vous êtes en train de gaspiller, apportez-les plutôt et utilisons-les pour construire notre pays.

17. Pour cela, le Gouvernement qui est le garant du bien être de tous les citoyens, vous accorde 5 jours, à partir de cette date du 02 jusqu’au 7 de ce mois de novembre d’abandonner et de vous retirer de ces groupes. Vous serez accueillis par les Forces de l’Ordre et vous suivrez, pendant deux semaines, des cours de formation patriotique, après quoi vous retournerez dans vos familles. Ceux qui, jusqu’au 7 novembre 2015, n’auront pas répondu à cet appel que nous vous lançons, seront considérés comme des criminels et seront punis conformément à la loi anti terroriste, et ils seront traités comme des ennemis de la nation ; ceux qui seront attrapés seront jugés suivant la procédure de flagrance.

18. C’est notre dernier avertissement, changez de comportement pendant qu’il est encore temps, pour votre bien. Sinon, vous allez regrettez trop tard. N’oubliez jamais qu’un fournisseur de mauvais conseils est comparable à un empoisonneur, et que l’on prête facilement la serpette à qui détruit sa maison.

19. Faisant suite à l’appel nous lancé par la Communauté Internationale, des enquêtes ont été menées sur ces crimes et ces attaques. Les résultats ont été portés à la connaissance du public, qui montrent ceux qui ont des responsabilités aussi bien dans la préparation que l’exécution des différents sales coups.

20. Nous adressons nos condoléances à tous ceux qui ont perdu les membres de leurs familles, victimes des actes de violence de ces derniers temps, que ce soit des parents, des proches, des veuves et des orphelins qui ont vu disparaître des biens ou des personnes au cours des attaques ou des manifestations ; Nous réitérons notre mise en garde à ceux qui ont choisi de s’illustrer par le crime : tôt ou tard, ils se retrouveront su le banc des accusés.
Burundaise, Burundais,
Amis du Burundi,

21. Suite à ces actes de barbarie qui se sont manifestés ici et là dans les localités de la ville de Bujumbura, les Forces de sécurités et de défense ont eu l’injonction de ramener les choses dans l’ordre. Elles ont alors pris des mesures appropriées, qui ont diminué d’une façon appréciable ces actes de criminalité. Nous pouvons signaler par exemple le retour à une circulation normale des personnes dans les quartiers qui avaient été pris en otage par les mouvements insurrectionnels, le renforcement des comités de sécurité mixte et la collecte des armes déposées librement par leurs détenteurs illégaux.

22. Même si beaucoup d’armes ont été remises volontairement et que bien d’autres ont été saisies, l’on constate qu’il ya des personnes qui sont restées insensibles à notre appel et qui cachent les malfaiteurs qui se sont révoltés et qui continuent à troubler la sécurité ici et là dans le pays.

23. Nous demandons à la population de comprendre à quel point la complicité et le secours apporté à ces criminels constituent une menace pour eux-mêmes et les autres. Nous les invitons à dénoncer ces fauteurs de troubles pendant qu’il est encore temps. La sagesse de nos ancêtres déclare : « Tu caches un empoisonneur, demain ta progéniture est décimée ! »
24. Nous demandons également ce qui suit :

Premièrement: A l’administration, Nous demandons de veiller aux visiteurs et aux mouvements de la population dans leur quartier par l’usage du registre ad hoc, surtout dans la ville de Bujumbura. Nous leur demandons également d’effectuer des visites régulières à leurs administrés pour leur transmettre le message de pacification et les inviter à renforcer la paix et la sécurité par voie des communiqués et des journaux.

Deuxièmement: Aux Forces de Défense et de Sécurité, Nous demandons de faire dès maintenant tout ce qui est en leur pouvoir, afin que le reste des armes détenues illégalement soient récupérées, et que leurs détenteurs soient arrêtés et traduits en justice. Dans l’accomplissement de cette mission, Nous vous demandons d’utiliser toutes les techniques que vous avez apprises. Bien plus, vous êtes autorisés à recourir au droit que vous garantissent la loi et tous les règlements en ce qui concerne la sauvegarde et le rétablissement de la sécurité.

Dès maintenant, vous êtes autorisés à utiliser les moyens mis à votre disposition qui vous aideront à localiser les caches d’armes jusqu’au retour de la paix. Que ce travail soit minutieusement préparé et puisse commencer le 8/11/2015.

Troisièmement : A l’administration, aux Forces de défense et de sécurité, au comité de sécurité et à la population, tout le monde est appelé à se lever comme un seul homme afin que toutes les bandes de malfaiteurs soient démantelées, désarmées, par tous les moyens, et cela dans un délai ne dépassant pas ce mois de novembre, surtout dans la ville de Bujumbura.

Quatrièmement : Considérant les mesures arrêtées par le Conseil National de Sécurité, tenant compte des doléances exprimées par la population au cours des différentes réunions tenues à leur intention, considérant aussi les idées exprimées par les Forces de défense et de sécurité elles-mêmes, il est demandé au Ministère de la Sécurité Publique de préparer le plus rapidement un projet de loi réprimant de manière exemplaire les actes de terrorisme, comme cela a été le cas dans les pays où on a assisté à des tueries similaires aux nôtres ; cette loi est attendue avant la fin de ce mois de novembre. L’Assemblée Nationale et le Senat pourront l’enrichir et l’adopter par la suite pour que cet outil nous aide à en découdre avec ce genre de criminalité.

Cinquièmement: Quant aux hommes de droit, nous demandons de rendre des jugements suivant la procédure de flagrance pour ceux qui auront été appréhendés en possession d’armes illégales ainsi que les membres des groupes armés ou des tueurs.

Sixièmement: Prendre des mesures pour suspendre les travaux des Organisations dont les enquêtes révèlent qu’elles ont joué un rôle dans les tueries et le vol des armes qui ont accompagné les insurrections et la tentative de coup d’Etat.

Septièmement: Juger rapidement les présumés coupables de meurtres liés à la tentative de renversement des institutions. Que les non-coupables soient blanchis, et que les jugements des coupables soient rendus le plus vite.

Huitièmement : Nous demandons aux pays qui hébergent ceux qui ont été pointés du doigt après enquête par la justice, de les arrêter et de les juger sur place, ou alors de les extrader pour être jugés au Burundi.

25. Nous demandons avec insistance que personne, Burundais ou étranger, ne soutienne ces malfaiteurs. En effet, il est démontré que les groupes terroristes deviennent durs à combattre une fois qu’ils se sont déjà enracinés. C’est pourquoi nous demandons à la communauté nationale et internationale qui appuient effectivement ces malfaiteurs de quelque façon que ce soit, ou qui en aurait l’intention, de vite se ressaisir pour arrêter ces manoeuvres.
Burundaises, Burundais,
Amis du Burundi,

26. Nous demandons aux citoyens burundais de se préparer au dialogue inter-burundais qui va se dérouler à travers tout le pays ; qu’ils se disent la vérité, qu’ils dégagent un consensus sur tous les sujets de discorde et que la Communauté Internationale soit de nouveau frappée d’admiration pour nous. Que l’héritage qui nous a été légué par nos ancêtres et par les héros de la nation comme Ntare Rugamba, Mwezi Gisabo, Rwagasore et Ndadaye continue à nous servir d’exemple et de source d’inspiration pour trouver le fil servant à renforcer le Burundi, notre pays à nous tous.

27. Avant de conclure, Nous voudrions remercier la Commission Nationale Permanente de lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre, CNAP, pour le travail important qu’elle a déjà accompli. Qu’elle poursuive sans relâche son action, le Gouvernement la soutient entièrement.

28. Nous remercions également le Conseil National de Sécurité pour la campagne de formation en faveur des nouveaux élus et de la population à travers les comités mixtes. Les enseignements ont porté sur le Programme National d’Education et de Formation Patriotique ainsi que le renforcement de la sécurité par le biais des comités de sécurité mixtes.

C’est une évidence, la sécurité du pays s’est sensiblement améliorée, car ceux qui veulent la perturber ne font pas un pas sans avoir été débusqués. Nous vous demandons de poursuivre cette campagne en collaboration avec l’administration, la justice et la population.

29. Pour terminer, Nous invitons nos frères et soeurs burundais à aimer leur mère patrie, à ne pas prêter oreille à ceux qui veulent les induire en erreur, et à comprendre que les gens facilitent la tâche à toute personne qui veut détruire son domicile. Tous les Burundais sans exception aucune, nous sommes appelés à bâtir notre pays, afin d’assurer un avenir meilleur à notre progéniture.

30. Nous devons notre victoire aux citoyens burundais, mais les Amis du Burundi y ont aussi joué un rôle. Dieu se chargera de toute personne qui se constituera en obstacle à ce pouvoir. En plus, nous chantons chaque jour dans notre Hymne National ceci : “Que Dieu qui nous a fait don de toi te préserve pour nous !”.

31. Nous remettons entre les mains de Dieu les Forces de Défense et de Sécurité, les Cadres et Agents du Service National de Renseignement, les Responsables de l’Administration, les Cadres et Agents du Corps Judiciaire, les membres des Comités mixtes de sécurité, et tout le peuple burundais, afin qu’Il vous guide dans ce travail auquel Nous vous convions en vue de parachever l’oeuvre de rétablissement de la sécurité au cours de ce mois de novembre 2015.

32. Que Dieu vous guide et vous rende capables, et qu’enfin les Burundais, nous puissions clôturer cette année dans la paix et la sécurité à travers tout le pays, spécialement dans la ville de Bujumbura.

33. En cette période de fin d’année, Nous invitons les Forces de Défense et de Sécurité à rester vigilantes, à assurer sérieusement la sécurité des frontières, pour que l’ennemi n’essaye pas encore de troubler notre paix comme ce fut le cas l’année dernière.

34. Ayons toujours à l’esprit qu’aucune personne n’aimera le Burundi plus que ses propres fils, ainsi que Dieu qui l’a créé.

Que dieu bénisse le Burundi et les Burundais
JE VOUS REMERCIE.